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Délit de solidarité, délit de citoyenneté : et alors ?

Calais où la politique d’immigration excelle, puisqu’en quelque sorte la ville cible de notre gouvernement.

Cible du fait qu’elle soit rappelons le : le lieu de transit d’espoir de milliers de personnes chaque année.

Des compagnies CRS sont spécialement affrétées pour l’occasion, ainsi que de nombreux dispositifs.

La législation, elle-même se modifie et punit par l’article 622-1 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, de cinq ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende, « toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l’entrée, la circulation ou le séjour irréguliers, d’un étranger en France ».

Ainsi si on en traduit la volonté de l’Etat : l’aide des personnes bienveillantes limitée, les migrants sont ignorés et mieux voués à eux même.

Cependant, quelques associations humanitaires militent et œuvrent contre ce manquement d’humanisme infligé à des êtres humains venus du monde entier dans des conditions que l’on sait épouvantables.

Ce délit de solidarité nous est tous les jours rappelé par les forces de l’ordre, lors des contrôles de nos papiers où nous devons justifier de ce que nous faisons, d’où nous allons.

De jour comme de nuit, nous sommes arrêtés, contrôlés et moralisés.

République française

République française

La nuit les contrôles s’intensifient : toujours avoir sa carte d’identité devient un crédo et ne pas répondre aux mesquineries, aux provocations est indispensable.
En effet, les policiers, CRS, n’attendent qu’une chose : cet outrage qui leur permettrait la garde à vue, l’argument pour nous punir pour outrage à agent public.

Non, nous ne nous abaissons pas à répondre malgré que ce soit souvent difficile et que l’on aimerait dire à cette personne en face de nous qu’elle nous dégoute et que l’on déteste ce qu’elle est.

Les occasions ne manquent pas, les contrôles abusifs, ainsi que les humiliations ou moqueries, que nous par contre avons le DROIT de recevoir..

Exemples faciles :

–         Une journée 4 contrôles d’identité dans le centre ville en simple piétonne seule, deux la nuit en voiture.

–         Deux personnes contrôlées sur peut-être une centaine de personnes à l’entrée d’un colloque public sur l’immigration.

–         Railleries une nuit lorsque nous ramassions dans la boue des couvertures au milieu d’une cinquantaine de CRS  glorieux dans leurs costumes de Robocops. Les blagues vaseuses et moqueries de tous genres fusaient autour de nous. Sans dire mots nous amassions ces couvertures que nous voulions rendre aux propriétaires. Jusqu’aux mots de trop d’un de ces salariés de l’Etat qui me demanda si j’étais majoré la nuit. D’un trait je répliquais que non seulement je n’étais pas majorée mais qu’en plus je n’aurais pas de relève le lendemain matin a 8heures pour distribuer le thé, mais qu’il ne fallait pas qu’il se fasse de soucis, je serais à l’heure et les jours suivant aussi. Ceci me valu une remontrance et un rappel de l’article 433-5 du Code pénal sur l’outrage à agent !

–         Ces insultes que l’on reçoit pour être en compagnie de migrants, ces insinuations de « pédophilie » pour être assise a côté de mineurs qu’ils ont surement battus la veille avec leurs bienfaisantes matraques. Etcetera..

Le délit de solidarité peut évidemment être prononcé pour « faute » beaucoup plus grave que la simple balade en compagnie des migrants.
Mais il est la pression quotidienne de la police envers nous, bénévoles qui devenons aux yeux de l’Etat des délinquants de la solidarité.

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Sur la scène: des ombres s’affairent.

L'autre cotéLa nuit la population migrante s’active, s’affaire, est en mouvement près des quais d’embarquements.

Une danse incessante, un rythme, un tempo dans les tripes. A l’affut de tout ce qu’il se passe autour d’eux, ils tentent  inlassablement de « passer de l’autre coté » juste en face sur les côtes anglaises.

Près du port, sur les quais d’embarquement des camions les exilés essaient de se faufiler sous, sur, dans les camions.

Une nuit en passant sur la route accolée aux quais, j’ai pu voir un petit groupe de jeunes passés de l’autre coté du grillage. En soit rien d’exceptionnel, cependant les voir là de « l’autre coté », mes petits si près de la réussite. Mes petits parce que ce sont ceux avec qui je passe beaucoup de temps, ceux que j’ai vu arriver et ceux qui sont du fait des évènements un peu sous mon aile depuis quelques mois.

Je ne fais rien pour eux, élément qui m’a miné au début ; Mais après un échange avec un jeune, qui dans le passé a vécu la même situation je me suis rendue compte qu’être simplement là avec eux, à leurs cotés de sourire et parler avec étaient beaucoup. Ainsi tout s’est simplifié et éclaircie quant à ma place, à l’accompagnement, à l’aide engagée.

Bref, ces petits là, sur ce parking derrière ce grillage avec cette attitude, ce changement de comportement, l’instinct de survie et la force dans les yeux je l’ai ressentie là au fond de mon ventre et un sentiment bizarre m’a envahit.

Je n’en n’ai pas dormi, je revoyais cette image sans cesse et ce « beau moment » je ne l’oublierai jamais.

Un simple regard, un échange d’une demi-seconde, un bonne chance transmis par les yeux et tout était fini.

Les autres planqués dans les haies qui bordent les longs grillages attendaient leur tour.

Les grilles.

Les grilles.

Et chaque nuit mêmes rituels, mêmes espoirs.. attente de l’appel des passeurs, ouvertures des camions et passages des douanes pour ceux qui ont payé la « mafia » pour les autres essayer sans protecteurs est plus difficile mais mêmes processus, chercher des camions s’y faufiler et espérer que la douane ne les « détectent » pas.

C’est ainsi que filent les heures des nuits, les ombres errent dans la nuit bercées aux sons des klaxons des ferries, illuminées par les phares des camions qui embarquent et débarquent et par les milles lumières que projettent les bateaux en entrant et sortant du port.

C’est par ce spectacle que ces silhouettes s’animent avec pour seul sentiment l’espoir d’un jour meilleur.

Si cette nuit là la chance n’est pas avec eux, ils s’endormiront là au levé du soleil les yeux rivés vers l’Angleterre..

Le port

Le port

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Les distributions : le lieu.

 

La distrib' "coté Salam"

Moment de la journée prisé par les photographes et journalistes.

Deux files, deux lignes d’hommes se mettent en mouvement tous les midis et tous les soirs de la semaine.

Ces files je ne les mettrais pas en photo, je ne les ai pas en photo.

Par choix. Pourquoi ?

Simplement parce que les migrants n’aiment pas cette situation, ils ont honte.

« Honte de quémander, honte d’être dans cette posture d’infériorité. »

Ils n’aiment pas être pris en photo, filmés dans cette situation qui est selon eux la plus humiliante de leur condition de vie.

Je trouve important de montrer ce qu’il se passe mais il est aussi important de les respecter, d’échanger avec eux et de prendre en compte leurs sentiments, leurs choix.

La distribution est peut-être ce qui m’a le plus marqué, interpellé cet hiver.

Le lieu est en lui-même deshumanisant, lorsque l’on rentre par la grande entrée nous arrivons sur une grande cour de béton entourée de murs surmontés de barbelés et d’un grand grillage laissant les indiscrets policiers nous surveiller, nous épier.

Au sein de l’esplanade deux petits bungalows, un pour l’association du midi, un pour l’association du soir, à coté des quels naissent un chemin de tôle où doivent se « ranger » les migrants.

Faire la queue, la ligne est indispensable pour le maintien de l’ordre.

En effet, lorsqu’une multitude d’ethnies se rencontrent à cet endroit précis, le lieu devient une cocotte sous pression.

Le simple fait de doubler peut générer une bagarre et au vu des conditions de vie des migrants, leur état de fatigue, de colère, les histoires entre individus.. Une bagarre peut vite dégénérer en rixe géante.

Rigueur et fermeté sont donc nécessaires pour éviter tous débordements.

Cet alignement de chaussures, de jambes, d’hommes à l’intérieur d’une place telle que celle-ci est surprenant.

La première image qui m’est venue en tête est la photographie d’un livre d’Histoire de 3ème qui relatait un camp de concentration.

C’est fort et la situation est certainement incomparable mais l’image était là dans ma tête, elle y est restée quasiment tout l’hiver.

L’hiver car la nuit tombe vite, et lorsque nous donnons le repas du soir il fait noir, la seule lumière qui éclaire le diner et une sorte de mirador qui surplombe la place et qui lorsqu’il fonctionne laisse diffuser une lumière orangée, chaude pour les photographies mais inaccoutumée lorsqu’on s’y active.

Puis petit à petit, j’ai appris à apprécier l’endroit. Il nous permet de nous retrouver pour une heure sans être dérangés et harcelés par les forces de l’ordre.

Un moment de relâchement des aguets pour les migrants qui peuvent souffler et se « reposer ».

La distrib’ nous offre un endroit de retrouvailles, de fêtes, d’échanges, de joie dans les bons moments.

L'après distrib'

Elle a été affrétée par la mairie en octobre pour que les associations puissent mettre en place leur activité humanitaire.

Mais l’agencement du lieu nous interroge sur l’éventuel souhait de cacher cette réalité, cette misère quotidienne.

Une pierre dans mon « bread ».

Une pierre dans mon bread

Une pierre dans mon bread

Traditionnellement en France, nous fêtons l’ épiphanie ; En manifestation de cet événement nous servons coutumièrement une galette des rois qui nous permet de « tirer les rois ».

Une fève est alors cachée au sein de la pâtisserie et celui ou celle qui la trouve accède alors au titre de roi ou reine du jour.

Des milliers de galettes, brioches sont produites à cette époque de l’année.

Pour les français et française cette coutume n’a rien de bien exceptionnel, car tradition chrétienne légèrement oubliée, certain déguste le met par habitude et par sa présence en profusion dans nos supermarchés.

Ces mêmes supermarchés cèdent leurs invendus à certaines associations telles que le Secours Populaire, les restos du cœur, les banques alimentaire et Emmaüs.

La communauté Emmaüs de Boulogne alloue à Salam des denrées alimentaires plusieurs fois par semaine.

Vous l’aurez compris nous voici donc début Janvier avec une quantité incroyable de galettes des rois en guise de petits déjeuner.

C’est en plongeant ma main dans ma trousse de toilette ce matin, qu’un souvenir me vient à se sujet.

Un soir un jeune homme que je connais bien s’approcha de moi, un léger sourire aux lèvres et me dit : «  regarde! ce matin y’avait une pierre dans mon pain! J’étais pas content, j’ai failli me casser une dent! Mais c’était pas une pierre, c’était un animal!»

Ne comprenant pas cette présence étonnante, je lui explique la tradition et lui relate le fait que trouver une fève est le signe que l’on est symboliquement couronnée roi ou reine pour la journée.

Souriant et flatté par cet honneur ce jeune homme termina son diner.

Avant de partir, ses yeux brillants s’avancèrent vers moi une dernière fois et il me dit : « tu sais je suis le roi aujourd’hui, tous mes souhaits doivent se réaliser mais moi j’en ai qu’un seul : passer en Angleterre.»

Je lui répondis que ce n’était qu’une tradition mais qu’il pouvait essayer de serrer bien fort la fève dans sa main quand il essaierait de passer cette nuit là et que peut-être son souhait serait réalisé.

Le lendemain matin, au petit déjeuner il était là, son sourire aussi et la petite figurine dans sa main.

Il me la tendit en  déclarant que c’était mieux qu’elle me revienne car cette fête est la tradition de mon pays et que par conséquent elle me porterait chance.

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Une petite histoire.

C’est l’histoire d’un nez qui se fit grignoter une nuit par un temps de pluie.

Ce nez appartenait à un jeune homme, qui s’était assoupit sous un pont une nuit de Décembre.
Malade comme tout et avec pour seul refuge un sac de couchage, cet adolescent de 17 ans se retrouva seul sous un pont cette nuit là.

En pleine nuit il se réveille par une douleur au nez, à sa grande surprise une petite souris lui grignotait le nez.

C’est avec humour que nous avons fait passer cette aventure, un peu de blagues et beaucoup de rigolade ont fait passer la « pilule ».

Mais imaginez, être à sa place dans un pays qui ne veut pas de vous, avec des policiers qui vous chasse toute la journée et une souris qui vous grignote la nuit.
En plus clair, même sous un pont on gêne quelqu’un, même un animal vous demande de partir.

Je n’ose même pas me mettre à sa place et me dire tout ce qu’il a pensé a ce moment là.

Histoire légère et sans grande importance mais qui me tient a cœur et que je n’oublierai jamais.

Un nez, une nuit, un homme.

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Nos bons moments !

Autour d'un feu

Depuis le début du blog,  je ne parle que des mauvais cotés, je critique beaucoup le gouvernement parce qu’il le mérite,  je blâme les forces de l’ordre, met en avant cette misère quotidienne.

Mais il y a aussi tous les bons cotés, toute la richesse qui ressort de l’investissement d’un bénévole auprès des migrants, auprès des exilés.
Il y a toutes ces circonstances où l’on rigole, partage, échange, se dévoile, écoute, se confie, fais confiance.

Des petits moments tout simples et tout bêtes, deviennent des moments extraordinaires.

S’assoir avec l’autre sur un bout de carton, dans la boue, sur l’herbe mouillée, sur un banc, sur une chaise, dans un hôpital, à la préfecture.. Tant d’endroits propices à l’ECHANGE.

L’échange, de culture, de savoir, de tradition, de langage, de valeurs, d’idées..

Ces instants là sont en or ! Boostent les jours où le moral est en baisse parce qu’on se demande si finalement on ne « pisse pas dans un violon ».

Ce sont des petits cadeaux qui nous confortent dans notre bataille quotidienne avec les forces de l’ordre, avec les autres, avec ses amis et avec sa famille.

Tout le monde n’est pas forcément d’accord avec ce que font les bénévoles, ces personnes sont sans cesse là pour vous décourager, vous démotiver.

Pas plus tard que la semaine dernière, à l’hôpital un homme d’une cinquantaine d’années m’a insulté et a fait un long discours sur les étrangers parce que j’attendais dans la salle d’attente depuis 4heures avec 3 jeunes bonhommes.

Ces personnes là ne sont pas raisonnables, dans le sens où elles n’écoutent pas les arguments que l’on peut amener.

Bien sur que je comprends, le point de vue de certains Calaisiens qui en ont marre. Que la situation dépasse, qu’il n’y voit pas de solutions et qu’ils ne veulent plus « ça chez eux ».

Ensuite ces amis, qui nous disent que « c’est bien et quel courage vous avez de faire ce que vous faites mais faut être réaliste ce n’est pas trois bénévoles qui résoudront la situation et nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde en France. »

Après des heures de discours du même style, on se sens plus fort par moments puis à d’autres quand on ne voit pas le bout on se décourage un peu, et là ces moments magiques avec les jeunes, avec les adultes font que tout reprend un sens.

Qu’on est là et ce n’est pas pour rien, c’est parce que l’autre, celui qui aurait pu être notre voisin, notre cousin, notre frère s’il était né dans notre pays, et bien cet autre est là dans la rue à vivre des choses qui ne devraient plus exister aujourd’hui.

Ce n’est pas par pitié ou charité qu’il faut être là, mais par solidarité.
Alors moi, tous ces moments je les aime.

Les parties de foot, de volley, de cricket où je suis la plus mauvaise et où on rigole et chahute.

Les concerts improvisés, les représentations de danse à la lueur d’un feu où ils s’animent comme jamais, où le bonheur les envahit, oui ces instants là me rendent heureuse.

Les soirées dans les squats à discuter de tout de rien, des histoires de chacun, de leur vie d’avant, de leur famille, de ce qu’ils ont perdu, de ce qu’ils fuient, de religions, de cuisine, de cours d’arabe, d’afghan, de dialectes en tout genre.

Et le meilleur des moments et celui où on reçoit un message ou un appel disant :

"This is GOOD" dixit Macaroni alias Lalarjan

« Amandine, j’y suis, je suis en ANGLETERRE »

Je ne suis pas sensible, mais ce moment là me met presque toujours les larmes aux yeux et me dit que oui c’est possible que tous les autres pourront y arriver.

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Destin d’une tente.

Stockage consciencieux des tentes.

Revenons deux, trois mois plus tôt.

Décembre Janvier, le temps est glacial mais pas assez pour ouvrir le gymnase.

Malgré une petite manifestation des exilés devant leur « dortoir », rien y fait le lieu restera clos ce soir là et pour on ne sait combien de temps.

Salam décide alors de distribuer une centaine de tentes QUECHUA offertes par une association amie

« Ensemble pour l’Afghanistan».

A 19h juste après la distribution, les bénévoles se présente devant le gymnase, que nous appelons le BCMO bureau central de la main d’œuvre, et donne les tentes.

Les migrants décident alors de s’installer juste à coté de ce lieu, atelier montage de tente mis en place. Des fou rires et pas mal de difficultés pour  faire tenir les tentes, mais c’est bon les migrants sont installés et on un lieu abrité pour dormir !

Vers 19h30 heures arrivent plusieurs car de CRS qui quadrillent calmement le terre plein et nous somme de libérer les lieux en trente minutes sinon quoi une destruction massive des biens auraient lieu.

Un vent de protestation se fait entendre par les migrants alors complètement excédés qu’on ne les laisse même pas dormir sous une tente. Les bénévoles soutiennent ces derniers, le vice Président Jean Claude Lenoir entame alors une discussion avec la représentante des forces de l’ordre.

Le verdict tombe, on ne peut laisser les tentes ici, mais ailleurs elles seront tolérées et les forces policières s’engagent à ne rien détruite et n’arrêter personne pendant la nuit.

Ailleurs, ça veut dire loin, hors de la vue. Retour dans la Jungle, pas la première puisque tout est démantelé mais le bois du trottoir d’en face.

Après un pliage des tentes assez complexe et périlleux !

Départ imminent pour tous les jeunes avec leurs tentes sur le dos, un petit air de victoire s’affiche sur leurs visages.

Seulement, le lendemain matin que nous apportent les migrants, des arrestations ont été faites pendant la nuit et depuis 8h du matin les CRS entourent le bois pour évacuer tout le monde et récupérer les tentes.

Ni une ni deux, nous sommes sur place et en effet, quinze cars de CRS sont là garés sur le bas cotés impossible de passer.

Nous décidons alors de contourner et de passer à pied par l’ancienne jungle, une fois traversée nous arrivons sur les lieux. Evidemment accueilli par les forces policières, qui nous émettent juste la décision préfectorale d’évacuer les lieux et que les bénévoles seront « invités » à récupérer les tentes à la déchetterie ou au poste de police.

Chose vraie les tentes, ne sont pas saccagées, juste entassé au milieu des ordures de la ville.

Cela durera le reste du temps, distribution des tentes, ramassage par les CRS ou policiers, récupération par les bénévoles, redistribution .. un cercle sans fin.

Il est à noter que quand nous ne récupérons pas les tentes au milieu des déchets des Calaisiens nous les récupérons au commissariat de police où tout une procédure est mise en place :

–         Désignation de bénévoles par le Président de l’association au commissariat de police

–         Vérification des identités

–         Inscription des données de la carte d’identité

–         Validation d’accès aux tentes

–         Récupération.

Action visiblement mise en place pour affaiblir la motivation des bénévoles par les contraintes infligées.


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Pourquoi ce blog ?

Portrait fait par les Afghans.

Portrait fait par les Afghans.

Ce blog, j’y pense depuis des mois. Mais le temps a tellement défilé cet hiver que je ne pouvais le commencer.

Mais maintenant que j’ai quelques minutes pour moi, je saute sur l’occasion !

Impossible de savoir ce qu’il se passe à Calais et ne rien dire.

Bien sure que je ne changerai pas les choses, mais une personne informée en informe une autre et une autre et une autre.
Je suis partie pour la première fois en octobre et depuis j’alterne « petits boulots » et séjours sur Calais. On peut dire que la cause me prend aux trippes !

Bénévole à l’association Salam, j’ai découvert que la misère et que le non respect des droits de l’Homme existent aussi en France.

Pourquoi partir à l’autre bout du monde alors qu’il vient à nous.

Calais, est un sas de transit, des migrants viennent et continue leur chemin selon leur bonne étoile : 2jours, 1 semaine, 3 semaines, des mois..

Des cultures de tous pays, de tous continents émanent là sur ce morceau de territoire français et on les ignore, les laisses à l’abandon.

Des personnes, des ETRE HUMAINS, sont là en attente dans les conditions les plus indignes.
Les journées des bénévoles sont rythmées en premiers lieu par l’urgence humanitaire : subvenir aux besoins vitaux.

Nous donnons donc un petit déjeuner (Salam), un déjeuner (La belle Etoile/Auberge des migrants), un diner (Salam). Evidemment au préalable nous préparons les repas et tentons de faire du BON avec peu de moyen.

Cependant, une multitude de missions découlent des besoins des migrants dus à la situation sur place. Etre bénévole à temps plein permet une approche différente et surtout une liberté d’intervention.

Un large panel d’activités nous est offert et la routine est bannie de notre quotidien !!

Pendant mes séjours sur place, j’ai pu être : infirmière (chirurgien !), bucheron, travailleur social, médiateur, coiffeur, cuisinière, maçon, éboueur, professeur de français, traductrice, psychologue, « maman »..

Effectivement étant présents dans le quotidien des migrants, nous sommes sollicités pour toutes les difficultés rencontrées.

Un lien fort se créé avec ces personnes, qui n’ont rien mais nous donne tout.

Du thé dans un verre, dans un pot de confiture, dans une boite de conserve, dans n’importe quel récipient mais ce thé qu’il devrait garder pour eux, pour les longues nuits dans le froid il nous l’offre avec tant de générosité. Ce manteau lorsqu’à leur rencontre nous avons froid la nuit, ils nous le prêtent sans hésiter. Ce repas que nous leur tendons tous les soirs, ils le partageraient sans tourments même en seraient fières.

Chaque jour est un gain d’énergie et une richesse incroyable. Tous les moments que nous partageons sont simples et de ce fait vrais. Ils ne peuvent plus tricher, ils n’ont rien pas même une paire de chaussette qui leur appartient.

Les échanges, les relations que nous nouons sont riches.

Le seul point négatif à ces échanges qui me vient en tête est lorsque nous disons les incontournables « au revoir » et « Good Luck » du soir et que nous revoyons les personnes le lendemain matin.
Là c’est difficile car on sait que c’est une difficulté morale et un espoir qui s’affaiblit !

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Les associations.

SolidaritéLes associations font un travail considérable sur Calais, qu’elles aient pour buts l’aide humanitaire ou politique, elles jouent une fonction colossale dans le maintien de l’ordre public.

Nous pouvons même dire que lorsque l’Etat ferme les yeux devant la situation, les associations s’y substituent  pour pallier à ce déni d’intérêt.

En effet, en répondant aux besoins primaires des migrants elles servent de relai entre l’Etat et la population migrante.

En portant une aide humanitaire, les bénévoles créent un lien, une proximité qui permet à certains moments de baisser les tensions, les révoltes que ces personnes pourraient mettre en œuvre par moments de grand désarroi.

Par ras-le-bol général, lorsque la foule entière se sent insécurisée, déshumanisée, les bénévoles prennent de face la contrariété, la fatigue et la colère de ces hommes. La proximité intervient alors et sert de tampon, les bénévoles ouvrent un dialogue et apaise la situation.

Bien sûr ce n’est pas toujours, tout de suite certaines situations mettent du temps à s’atténuer et le dialogue peut être long avant d’être entendu.

Quel courage, quelle persévérance ont ces personnes qui depuis des années viennent quotidiennement ou hebdomadairement au contact des migrants.

Cette substitution du rôle de l’Etat est une lourde tache, les associations ne devraient pas avoir tant de responsabilités.

Quand leur TRAVAIL va–t-il enfin être reconnu, valorisé et surtout restitué à son administrateur légitime ?

Il n’est pas inutile de rappeler que L’Etat a l’engagement de protéger toutes personnes présentes sur son territoire et non de lui infliger des conditions de vie indignes.

En effet,  la France s’est ainsi engagée en ratifiant la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme notamment par l’Article 3 qui proclame que :

« Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne. »

Elle a donc le devoir de les respecter et de les considérer en tant qu’Humain.

C’est en tant que tel que les associations œuvrent pour la considération  de l’autre, de l’être Humain.

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Les mineurs.

La situation de Calais est à dénoncer par l’absence totale de dignité accordée à l’autre.

Mais elle devient d’autant plus révoltante lorsque l’on sait que la moitié des personnes en attente du passage outre-manche est mineure.

En effet, des enfants sont envoyés par leur famille, leur village pour l’Angleterre.
Les raisons sont diverses, fuite du régime, peur des Talibans, besoin d’argent de la famille, perte des parents..

Tant de motivations à partir vers cette Europe qui  promet tant de réussite et de facilité de vivre.

Le constat est là, des centaines voir des milliers de mineurs sont en chemin, ils arrivent à Calais avec une grande pression familiale.

Passer vite en Angleterre pour réduire les frais du voyage, vite rembourser la dette faite à la communauté, à la mafia.

Les parents les appellent dans l’espoir de les entendre dire qu’ils y sont arrivés, qu’ils ont franchis la dernière frontière et quelle désolation quand l’enfant dit que non, qu’il n’y arrive pas, que c’est trop difficile, qu’il n’est encore qu’à Calais.

Les « après téléphone » sont des moments pénibles pour ces jeunes, ils sont découragés et se sentent encore plus seuls.

Ces mineurs, ces enfants ont entre 9 et 18 ans et sont ici, seuls ou avec des frères, cousins de routes. Ils évoluent dans un climat de crainte, de danger, parfois ils servent de petites mains pour la mafia.

La mafia calaisienne n’est pas si criminelle que ce que met en avant Monsieur Besson, ce n’est qu’une petite mafia qui s’occupe de maintenir l’ordre au sein de la communauté, de répondre aux exigences de la grande mafia elle bien au chaud au pays.

Les mineurs sont donc parfois récupérés par la mafia pour de petits « travaux » tels que faire passer de l’argent de lieux en lieux, orienter les autres sur les quais d’embarquements et ouvrir les camions pour installer leurs compatriotes en proie au passage outre mer..

Des petites mains utilisées car de par leur âge ils risquent moins que des adultes, utilisées mais aussi rémunérées. Et lorsque ces jeunes sont à Calais depuis des mois qu’ils n’ont plus d’argent ces tâches deviennent nécessaires à leur survie, à leur passage.

Une fois cet engrenage mis en route, le jeune est tenu en chantage, tenu à des obligations.

La vie quotidienne est une menace pour la vie de ces jeunes personnes, ils ont connus un voyage qui marquera à vie leur être.

Alors oui, la France octroie des droits aux mineurs isolés sur le territoire mais cela dans la seule condition où il veuille rester sur le continent.

Pourquoi ne pas s’adapter aux besoins de cette population particulière en créant des centres d’accueils de jour ou de nuit. Cela pour les jeunes voulant simplement transiter sur Calais. Nous pourrions ainsi les proteger de cet environnement hostile en évitant toutes les fugues et toutes les dépenses inutiles que le Conseil Général met en place dans leur accompagnement non souhaité par ces derniers.

Sinon en réalisant des centres adaptés, tels que des maisons d’enfants spécialisées pour les mineurs primo-arrivant en coopération avec des professionnels compétents où un travail sur l’installation en France pourrait être amorcé.

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